Il y aura des économies demandées à Banijay mais ça ne pourra pas être sur tout car Banijay, c'est aussi de la fiction et du documentaire (de qualité) et France TV a une obligation de financement de ces programmes de création qui ne pourra pas être réduite. De plus, règlementairement, France TV ne peut pas produire en interne via France TV Studio plus de 17.5 % de ses investissements dans la création. Autrement dit, 82.5 % des investissements doivent obligatoirement être fléchés vers la production externe.
Sur le flux, il n'y a pas de limite mais France TV Studio ne peut pas alimenter les grilles à elle seule même si elle en est le premier fournisseur et qu'elle ne cesse de se développer depuis quelques années. Cette société est encore trop petite.


Il se croît mais fort heureusement il ne l'est pas. Si le doc de Jacques Cardoze n'a jamais été diffusé, c'est sans doute parce qu'il était malhonnête mais c'est aussi parce qu'on ne fait pas tout ce qu'on veut avec le client.

Pourquoi ne point modifier les décrets Tasca (Qui ont été fait, où la mythique SFP était encore présente et surtout les groupes privés n'étaient point des mastodontes qu'ils sont maintenant), tout simplement pour permettre aux chaînes publiques de détenir des droits d'exploitation sur les émissions qu'elles diffusent, à l'image de ce que fait ailleurs en Europe ?


Vous oubliez qu'il y a des clauses d'exclusivité !

Et puis si Cyril Féraud reprendrait "Fort Boyard" l'été prochain, à voir s'il continuerait de présenter "La Carte aux Trésors" à l'avenir sur France 3.

Pour "100% Logique" et "The Floor" : soit Laurence Boccolini reprendrait les deux émissions, à moins qu'une autre femme comme Julia Vignali voir un homme encore à la présentation (et peut-être changement de productions, puisque "Tout Le Monde Joue" ou encore des émissions primes à Bruno Guillon comme "Qui Restera dans la Lumière ?" ont été produits par Banijay AIR Productions).

Alors ce n'est pas exactement ça. Déjà depuis le décret TNT de 2022, la répartition entre production indépendante et dépendante pour France Télévisions est règlementairement ramenée au même niveau que les autres acteurs, soit les deux tiers. Comme c'est un seuil, il y a la possibilité de moduler comme on le souhaite via des accords interprofessionnels. Celui de 2019 prévoit bien 82,5 %/17,5 % et a ensuite été renégocié en juin 2024 pour une répartition 80/20. Tout en sachant qu'en 2022, France Télévisions indiquait n'utiliser cette possibilité de production dépendante qu'à hauteur de 13 %, ce qui a dû augmenter depuis.
C'est donc la volonté de France Télévisions de flécher autant ses investissements vers la production indépendante. Et ce pour au moins deux raisons : déjà parce que ça fait partie de ses missions de faire vivre un tissu productif varié en France, même si l'ultra concentration dans ce domaine avec les Banijay, Mediawan et autres Studio TF1 pose de vraies questions sur sa diversité ; et pour aussi avoir la paix avec les syndicats de producteurs en ne passant pas d'un 82,5 % à un 70 % par exemple. Il ne faut pas donc s'attendre à ce que ça évolue drastiquement dans les prochaines années.
Après tout l'enjeu n'est pas que côté production, il est possible d'investir dans la production indépendante et négocier la cession pour tout ou partie (durée, zones géographiques, etc.) des droits d'exploitation ensuite.

Merci pour toutes ces infos Rom1.

J'étais passé à côté de cette (petite) évolution qui va toujours dans le bon sens, ma foi.

Ah oui ! C'est bien détaillé !
Une question : Est-ce que les grands groupes de Production auquel le Groupe France TV confie la fabrication de ses émissions, sont-ils membres du Syndicat de l'Union des Producteurs Audiovisuels ?

Je me demanderai toujours pourquoi tu poses autant de questions sur ces sujets dont tu es le seul à t'intéresser ici... Cela me fascinera toujours.

Il n'y a jamais de mauvaise question mais il faut qu'elle soit compréhensible un tant soit peu. Déjà, le SUPA, ça n'existe pas. En revanche, il y a l'USPA (Union Syndicale de la Production Audiovisuelle) qui regroupe 200 sociétés de production mais qui n'est pas la seule union qui existe. D'autres syndicats regroupent également des dizaines voire des centaines de sociétés.
Pour simplifier un peu, France TV a signé son accord production en juin dernier avec AnimFrance (syndicat de producteurs d'animation), le SATEV (syndicat des agences de presse audiovisuelles), le SEDPA (Syndicat des Entreprises de Distribution de Programmes Audiovisuels), le SPECT (Syndicat de producteurs et créateurs de programmes audiovisuels), le SPI (Syndicat des Producteurs Indépendants) et l'USPA. Autant dire avec tout le secteur. France TV travaille avec plus de 800 producteurs.

Effectivement, il n'y a jamais de mauvaises questions, mais certaines sont très peu abordées ici, sauf par un petit nombre de nodaliens, et intéressent moins de monde, il ne faut pas se le cacher...
Merci en tout cas pour ces précisions Stargazer.

Merci ! J'ai confondu avec l'USPA, autant pour moi

Merci Rom 1 pour ces donnés très détaillées et précises.
Au risque de me répéter et pour te répondre, Fred, puisque le sujet des producteurs revient fréquemment dans tes écrits, j'aimerais comprendre : qu'est-ce qui te dérange, fondamentalement, dans le système actuel ?
Les décrets en vigueur ont été conçus pour permettre à tout un écosystème de producteurs (et donc de salariés, permanents ou intermittents) de vivre de leur travail et de proposer des contenus de création à l'ensemble des diffuseurs, publics et privés. Je ne comprends pas en quoi ce serait une mauvaise chose.
Nous avons en France une industrie de l'audiovisuel particulièrement foisonnant, inventif et créateur de richesse au sens large (culturelle, économique). Personne ne souhaite le retour de la SFP, surtout dans un contexte budgétaire tendu.

À l'époque de la SFP, on faisait travailler tous ces gens-là...Il y avait les Buttes-Chaumont, Bry sur Marne...L'aurais-tu oublié ?
Ce n'est donc point une excuse...

D'où ma seconde réponse, pourquoi avoir davantage favorisé des sociétés privées, plutôt que de renforcer la SFP, comme avoir privatisé la première chaîne du service public de l'époque...?
Des intérêts politiques, surtout !

Obligeait t-on les chaînes publiques et privées à financer tout un secteur privé, à une époque ? Non !
Il y avait des commandes obligatoires pour la SFP !

Pourquoi ne pourrait-on point assouplir ces obligations réglementaires actuelles ?
Au Royaume-Uni, le taux d'obligations de financement est moindre qu'en France...

On ne risque pas de les oublier avec toi Fred, puisque tu nous en parle en boucle...
Mais il serait temps d'arriver dans notre époque et d'accepter que les choses évoluent, en bien ou en mal.

En effet il faut accepter que les choses évoluent en bien ou en mal, mais si elles évoluent en mal, même si les questions de FredC. en particulier tournent en rond, on peut se questionner pourquoi c'est ainsi.

Personnellement je trouve ça bien qu'il y ait un pourcentage de productions externes. Cependant, pour toutes les chaines qu'elles soient privées ou publiques, la vente de leur production interne à l'international pourrait leur apporter un budget supplémentaire non négligeable, il n'y a qu'à regarder la BBC, et bien sûr les mastodontes américains (mais bon ça c'est l’opposé extrême d'ici). Avec 20% de productions internes, la plupart allant dans des programmes d'une certaine façon invendable, c'est dommage. 25 ou 30% me parait être un bon pourcentage, pour promouvoir les productions internes sans pour autant empiéter sur les productions externes (qui sont largement sous Banijay ces temps-ci de toute façon).

C'est pour ça aussi qu'une plateforme comme Salto ne pouvait pas survivre: les chaines ne sont pas propriétaires de leur programme, donc même des programmes (de flux notamment) iconiques des années 2000-2010, et donc le catalogue passé des chaines, quand même un argument vendeur important pour les plateformes de streamings, ne pouvaient pas être diffusés dessus sans que la plateforme passe dans le rouge. Au final, les seuls programmes disponibles sur Salto étaient des programmes récents et des séries américaines, alors qu'il aurait fallut faire quelque chose plus proche de BritBox en Grande-Bretagne, qui promouvait les programmes produits dans le pays.

Pendant ce temps, les programmes français (hors fiction) sont balancés sur YouTube par Banijay, jusqu'à ce que cette plateforme bloque les vidéos, pour raison de copyright alors que les programmes sont "uploadés" par les sociétés de productions... On promeut donc une plateforme américaine, pour que les programmes soient au final supprimés.